Se former ?

Pourquoi et comment se former à la pédagogie coopérative selon la méthode préconisée par M. Jim Howden ?

M. Jim Howden et Marie-Chantal Daniel

M. Jim Howden cumule une vaste expérience en éducation, domaine où il a occupé les fonctions d’enseignant, de directeur, de conseiller pédagogique, de formateur-consultant en pédagogie coopérative et de professeur. Il a enseigné à l’Université du Nouveau-Brunswick au Canada et travaille actuellement en tant que professeur associé à l’Université McGill à Montréal. Il a dispensé de nombreuses formations en Amérique du Nord et en Europe sur la pédagogie coopérative, la résolution de conflits et la collaboration en équipe. Il est présentement Directeur du département de la formation des maîtres des Premiers Nations et Inuit à l’Université McGill, à Montréal.

[|La pédagogie coopérative, qu’est-ce ?|]

Objectifs

  • Concrétiser l’approche coopérative dans une classe en respectant la construction du savoir ;
  • Structurer les interactions dans une classe afin de promouvoir les valeurs de la coopération.

Contenu
Les valeurs de cette pédagogie coopérative- : les rendre explicites est le tout premier pas.
Le deuxième pas étant « apprendre à coopérer » qui mène au troisième pas « coopérer pour apprendre »

Les principes organisateurs de cette pédagogie sont les interactions en groupe restreints hétérogènes, l’interdépendance, la responsabilisation, les habiletés coopératives, la réflexion critique.

[|Pourquoi la pédagogie coopérative ?|]

Graffiti circulaire

  • Les apports des neurosciences : nous savons mieux aujourd’hui comment s’opère l’apprentissage dans le cerveau et donc quelles sont les meilleures situations d’apprentissage. 5% retenu après 24 heures suite à un exposé oral et 90% retenu lorsque l’élève construit son apprentissage en petit groupe avec d’autres élèves.
  • Non seulement les situations d’apprentissage en coopération permettent une meilleure appropriation des savoirs mais de plus, elles développent des savoir-être et des savoir-faire.
  • Au centre de cette pédagogie, de ce processus, il y a un apprentissage des habiletés relationnelles qui sont à mettre en place en accord avec le projet éducatif. Cette pédagogie permet donc non seulement de mieux entrer dans le processus d’apprentissage mais aussi elle permet de former des élèves et de futurs adultes debout, responsables, capables de prendre leur place dans un groupe et de laisser la place à chacun.
  • Les valeurs sont à réfléchir en lien avec le projet éducatif. Cette démarche vise donc une éducation intégrale de la personne, avec les autres et pour les autres.

Montée d’une tour ensemble !Changements de posture

Au cours de cette formation, l’objectif est de permettre aux enseignants de s’initier à la pédagogie coopérative, et de leur donner des moyens pour la mettre en place dans leurs classes, à petits pas. Le formateur va leur montrer de façon expérimentale qu’il vise à modifier la posture de leurs élèves et que par-là même ils vont également être amenés à modifier leur propre posture.

Dans cette approche, les changements opérés au niveau des élèves vont être répercutés aux niveaux des enseignants, et ceci dans l’interaction.

A. La pédagogie coopérative ne peut se concevoir en dehors de son appropriation par les enseignants et de sa mise en œuvre au quotidien par élèves et enseignants.

  • L’objectif visé est de mettre en œuvre la pédagogie coopérative et non pas l’apprentissage coopératif.
  • La visée est double apprendre à coopérer et coopérer pour apprendre en se basant sur des valeurs qui lui sont propres. Il est proposé de développer un climat de classe favorable, d’entraîner des habiletés coopératives et de structurer les activités entre élèves au sein de la classe de manière à favoriser la coopération entre individus.
En réflexion en équipe

B. Savoir travailler en équipe est aujourd’hui une compétence essentielle or il est souvent constaté que l’Ecole a encore tendance à l’individualisme. Mettre en place la pédagogie coopérative demeure difficile car les adultes ont peu appris à coopérer à l’école. Elle demande à l’enseignant de revoir ses pratiques professionnelles, en concevant différemment les situations d’apprentissage proposées, évaluer autrement et gérer sa classe d’une autre manière. Il lui faut donc opérer des changements personnels de posture.

C. L’expression des valeurs
M. Jim Howden, s’appuie de façon fondamentale sur l’expression des valeurs humaines dans le développement de l’élève. Il s’agit de respect, d’engagement, d’entraide, de plaisir, de droit à la différence, de confiance… comme base à cette pédagogie coopérative, ce qui fait fortement appel aux valeurs de l’enseignant. Il ne suffit pas de disposer d’outils et de procédures pour développer des habiletés coopératives. La facilité de mettre en place une pédagogie coopérative est liée à la pertinence des valeurs pour l’enseignant lui-même et de leur choix.

World café

D. Pourquoi favoriser la pédagogie coopérative ?
Pour obtenir les bénéfices d’une pédagogie coopérative, il est essentiel que la mise en œuvre soit suivie d’un temps de réflexion critique afin de permettre d’évaluer les processus d’équipe.
Il est essentiel pour l’enseignant d’être à même de transformer toute activité, exercice, démarche existante, notamment dans les moyens d’enseignement mis à sa disposition, en activité coopérative. Les structures et méthodes préétablies ne sont en effet pas toujours adaptées.

[|En guise de conclusion|]

La pédagogie coopérative, comme d’autres approches de pédagogie “active,” implique un changement radical du rôle de l’enseignant par rapport à une conception qui viserait à favoriser une transmission des savoirs et une construction individuelle des apprentissages. Elle propose de cadrer de façon optimale les interactions par les structures et les méthodes employées afin que les élèves acquièrent leur autonomie et que l’enseignant puisse être disponible pour observer, réguler les fonctionnements et les apprentissages.

Cet important changement du rôle de l’enseignant, comme tout ce qui est mis en place pour les élèves, fait l’objet d’un entraînement, et demande une formation. Son objectif est bien de permettre à chacun, élèves et enseignants, de cheminer dans le temps et de s’approprier cette façon d’être, d’agir et d’apprendre.

[|Déroulé des formations en pédagogie coopérative|]

Entre chaque étape il est nécessaire que les acteurs aient mis en œuvre au moins des petits pas avec leurs classes.

1-* Etape 1 : 3 jours de base J1, J2, J3
Ces journées peuvent ou non se faire sur une même année scolaire, mais il ne faut pas trop les éloigner d’une année sur l’autre sinon les en perdent le bénéfice.

Après ces 3 jours de base, on peut accéder à deux étapes 2 qui peuvent être complémentaires :
2-* Etape 2 : 3 jours de formations pour les maternelles et CP. Deux jours suivis quelques mois plus tard d’une journée de construction de séances.

3-* Etape 2 : modélisation
Par tranche de 3h, avec un groupe de 12 personnes maximum

1ère heure : Jim et les stagiaires : préparation en vue de la séance avec les élèves, c’est un temps sans élèves.

2ème heure : Jim assure la séance avec les élèves en présence des observateurs. Prévoir avant avec quelle classe ou quel niveau de classe.
Il est capital que l’enseignant de cette classe :
- soit partie prenante et s’articule avant la formation avec Jim pour qu’il sache quoi préparer.
- qu’il/elle pratique la pédagogie coopérative avec ses élèves
- que les élèves soient prévenus et préparés à la venue de Jim

3ème heure : débriefing entre Jim et les stagiaires sans élèves.

4-* Etape 3 : 3 jours consécutifs de niveau 2 ou niveau avancé.

Modélisation inversée

De quoi s’agit-il ?

En temps habituel la modélisation se déroule par tranche de 3h, avec un groupe de 12 personnes maximum.

En CP

1ère heure  : Jim et les stagiaires : préparation en vue de la séance avec les élèves. C’est un temps sans élèves.

En Grande Section

2ème heure : Jim assure la séance avec les élèves en présence des 12 observateurs. .
L’enseignant(e) de cette classe
- doit être partie prenante et s’articuler avant la formation avec Jim.
- doit déjà pratiquer la pédagogie coopérative avec ses élèves
- prévient les élèves et les prépare à la venue de Jim

3ème heure : débriefing entre Jim et les stagiaires sans élèves.


En ce 29 mars 2019, ce fut un peu autrement avec l’équipe enseignante de l’Ecole primaire Ste Bernadette.
Par cycle, les enseignants avaient préparé une séance en GS, CP et CM1. Jim Howden était observateur ! Ce fut un temps très riche pour l’équipe, un moyen d’avoir un retour sur leurs pratiques de la pédagogie coopérative.

Une équipe déjà bien avancée dans cette formation ! Bravo à chacun de s’être aventuré jusque là !

En CP

En CM1

Pourquoi la coopération ?

A Sainte Ursule, Paris

L’éditorial du dernier écho du cours “Sainte Ursule” par M. Baptiste Jacomino, chef d’établissement du second degré, Coordonnateur de l’ensemble scolaire.

“Pourquoi avons-nous choisi, aux côtés de l’ensemble des établissements du réseau méricien de notre pays, de développer durablement des pratiques pédagogiques coopératives, c’est-à-dire, en bref, de faire davantage travailler les élèves ensemble, par groupes ?

Un détour par une courte citation de Simone Weil nous semble pouvoir éclairer ce choix : « L’homme se mange lui-même, écrit-elle ; il mange son travail. L’homme donne son sang, sa chair à l’homme sous forme de travail. L’homme se donne à l’homme en tant que travail. » Simone Weil propose en somme un travail eucharistique par lequel chacun d’entre nous se donne aux autres, non seulement en produisant des biens et des services qui pourront profiter à d’autres, mais aussi en contribuant à des formes d’organisation et de conception du travail propres à favoriser le bien commun, plutôt que l’exploitation dominatrice de l’homme par l’homme ou la simple satisfaction d’aspirations à la rentabilité ou au succès individuel. Un tel travail eucharistique répondrait aux exigences fixées par les deux mots d’ordre mériciens que sont Insieme et Serviam : il serait mis au service du bien commun et de l’alliance entre les hommes.

Or, à l’école, généralement, on ne travaille pas dans cette perspective, ou du moins pas directement. Bien souvent, on travaille pour avoir de bonnes notes, pour réussir, pour satisfaire les attentes de sa famille et de l’école, parfois même, grâce à certaines pédagogies ludiques ou attrayantes, on travaille par plaisir. Nous ne prétendons pas du tout faire table rase de cet héritage, qui offre des ressources précieuses, mais nous voulons que le travail scolaire, en prenant une forme plus souvent coopérative, permette aussi d’apprendre à travailler avec les autres, pour les autres, grâce aux autres, dans une logique eucharistique, conforme au projet de Dieu pour l’humanité et à la lecture spécifique qu’en a fait la tradition éducative et spirituelle méricienne.

Nous avons déjà parcouru des étapes essentielles dans cette direction. Tout le personnel éducatif de l’ensemble scolaire a été formé à la pédagogie coopérative.
De nombreux enseignants ont commencé depuis trois ans à développer le travail de groupe dans les classes. Les élèves, particulièrement en Première, sont engagés dans des services qu’ils rendent à l’intérieur comme à l’extérieur de l’école et qui contribuent à cet apprentissage de la coopération. De même, en catéchèse, en formation chrétienne, lors des conseils d’établissement ou de différents temps de rencontre et de travail, on fait de plus en plus souvent appel à une organisation coopérative, si bien que nous pensons pouvoir parvenir, à partir de l’année scolaire 2018-2019, à ce qu’un quart du temps de travail des élèves dans nos murs se fasse par groupes. Mais bien sûr, cela n’a de valeur et de sens que si nous parvenons ensemble à manifester et à rappeler la visée eucharistique, méricienne et humanisante dans laquelle cette dynamique s’inscrit, et nous n’y parviendrons que si chacun y contribue, là encore de façon coopérative.”

En Accompagnement Personnalisé

Au collège Largenté à Bayonne

En AP, en classe de 4ème, la semaine du 10 septembre 2018, un travail entre collègues de Sciences de la Vie et de la Terre, d’Histoire-Géographie :

Une première séance de pédagogie coopérative sur le thème : que signifie la coopération en classe ?

Voici le contenu de la mise en commun et un téléchargement possible ci-dessous :

Tableau en PDF

L’explicitation des valeurs

Recherche-action

Ce livre est le fruit de la réflexion et du travail en pédagogie coopérative mené par le réseau de la Présentation de Marie, suite aux formations suivies avec M. Jim Howden : “Apprendre à coopérer et coopérer pour apprendre.”

Vous pouvez télécharger ci-dessous l’article paru à ce sujet dans la revue Enseignement Catholique Actualités en février-mars 2018.

Vous pouvez également lire ce que Mme Marie-Chantal Daniel en dit sur le site de [**La Présentation de Marie*]

Le livre est paru aux Editions “Chronique Sociale.” Bonne lecture !

Première de couverture

Tournoi coopératif

Pédagogie coopérative et interactions

50 élèves de CE2 de l’école primaire Sainte Bernadette à Caen ont participé à leur deuxième tournoi de l’année.

Le premier avait pour thème la conjugaison des verbes au présent de l’indicatif, celui-ci avait pour thème les situations de problèmes.

Les élèves sont prêts !

Un groupe de tournoi au travail
Les élèves se sont installés en groupes de base (hétérogènes), les règles sont rappelées. Puis ils se mettent dans leur groupe de tournoi (les élèves se retrouvent avec d’autres joueurs de même niveau). Sur chaque table, il y a un questionnaire, des étiquettes-nombres correspondant aux numéros des questions ainsi qu’une petite fiche avec les réponses.
Un autre groupe de tournoi
Chacun, selon son niveau de compétences, rapportera des points à son équipe de base. A la fin du tournoi chacun reçoit un diplôme. Tout cela favorise les interactions entre les apprenants.

Merci à Véronique, enseignante de l’école primaire Sainte Bernadette de ce partage.

Stromae

En pédagogie coopérative

[|Une réflexion partagée par l’établissement scolaire Largenté de Bayonne.|]

Objectif :
A travers la chanson « Carmen » de Stromae, procéder à un travail de réflexion sur les réseaux sociaux, ce qu’ils véhiculent et leurs dérives.

Valeur de la pédagogie coopérative à faire partager :
-  L’engagement dans l’échange.
-  L’écoute
-  Le respect des opinions de l’autre.

Formation des équipes :
-  Equipes de 4
-  Utilisation du jeu de cartes
-  Désignation d’un rapporteur et d’un gardien du temps.

Déroulement de l’activité : avec la grille d’équipe de base.


-  Durée de l’activité entre 90 et 110 minutes.
-  Dans un premier temps, les élèves écoutent la chanson, sans avoir les paroles sous les yeux.
-  Nouvelle écoute avec les paroles.
-  Dans un second temps les élèves remplissent individuellement le tableau en répondant aux questions. (une quinzaine de mn).
-  Formation des équipes en distribuant des cartes, tous les 2, 4, ….se mettent ensemble.
-  En équipe, chaque membre note la réponse du camarade de l’équipe en inscrivant le prénom dans la case qui correspond. (25 minutes)
-  Ensemble, l’équipe procède à une synthèse de la question, pour chaque question.
-  Un rapporteur de l’équipe vient rapporter au grand groupe l’ensemble du travail de synthèse de son équipe.
-  Un élève note au tableau les réponses, ce qui permet d’avoir une synthèse qui est le fruit du travail des élèves.

Outil les paroles de la chanson “Carmen”.

Confiance

Allier pédagogie coopérative et confiance…

Ce travail a été effectué lors d’une concertation des professeurs de l’établissement scolaire Largenté à Bayonne. L’effet formation en pédagogie coopérative y est remarquable et peut-être plus être éclairant pour tous.

Voici le document “synthèse confiance”.

Ce groupe a le souhait de « travailler la valeur de confiance dans tout l’établissement, en même temps, sur 6 mois (là jusqu’à Pâques)… Ainsi, chacun des élèves traversant Largenté vivrait ces valeurs coopératives le long des cycles, de façon spiralaire. Cela rentre vraiment dans l’enseignement moral et civique et dans le domaine 3 du socle commun avec la formation de la personne et du citoyen. C’est aussi en lien avec le projet méricien.

[**[| “Osons la Confiance avec la Solidarité entre école, collège et lycée !”|]*]

Voici également le bilan de cette matinée de travail : Merci à ceux et celles investis dans ce projet !