Pourquoi la coopération ?

A Sainte Ursule, Paris

L’éditorial du dernier écho du cours “Sainte Ursule” par M. Baptiste Jacomino, chef d’établissement du second degré, Coordonnateur de l’ensemble scolaire.

“Pourquoi avons-nous choisi, aux côtés de l’ensemble des établissements du réseau méricien de notre pays, de développer durablement des pratiques pédagogiques coopératives, c’est-à-dire, en bref, de faire davantage travailler les élèves ensemble, par groupes ?

Un détour par une courte citation de Simone Weil nous semble pouvoir éclairer ce choix : « L’homme se mange lui-même, écrit-elle ; il mange son travail. L’homme donne son sang, sa chair à l’homme sous forme de travail. L’homme se donne à l’homme en tant que travail. » Simone Weil propose en somme un travail eucharistique par lequel chacun d’entre nous se donne aux autres, non seulement en produisant des biens et des services qui pourront profiter à d’autres, mais aussi en contribuant à des formes d’organisation et de conception du travail propres à favoriser le bien commun, plutôt que l’exploitation dominatrice de l’homme par l’homme ou la simple satisfaction d’aspirations à la rentabilité ou au succès individuel. Un tel travail eucharistique répondrait aux exigences fixées par les deux mots d’ordre mériciens que sont Insieme et Serviam : il serait mis au service du bien commun et de l’alliance entre les hommes.

Or, à l’école, généralement, on ne travaille pas dans cette perspective, ou du moins pas directement. Bien souvent, on travaille pour avoir de bonnes notes, pour réussir, pour satisfaire les attentes de sa famille et de l’école, parfois même, grâce à certaines pédagogies ludiques ou attrayantes, on travaille par plaisir. Nous ne prétendons pas du tout faire table rase de cet héritage, qui offre des ressources précieuses, mais nous voulons que le travail scolaire, en prenant une forme plus souvent coopérative, permette aussi d’apprendre à travailler avec les autres, pour les autres, grâce aux autres, dans une logique eucharistique, conforme au projet de Dieu pour l’humanité et à la lecture spécifique qu’en a fait la tradition éducative et spirituelle méricienne.

Nous avons déjà parcouru des étapes essentielles dans cette direction. Tout le personnel éducatif de l’ensemble scolaire a été formé à la pédagogie coopérative.
De nombreux enseignants ont commencé depuis trois ans à développer le travail de groupe dans les classes. Les élèves, particulièrement en Première, sont engagés dans des services qu’ils rendent à l’intérieur comme à l’extérieur de l’école et qui contribuent à cet apprentissage de la coopération. De même, en catéchèse, en formation chrétienne, lors des conseils d’établissement ou de différents temps de rencontre et de travail, on fait de plus en plus souvent appel à une organisation coopérative, si bien que nous pensons pouvoir parvenir, à partir de l’année scolaire 2018-2019, à ce qu’un quart du temps de travail des élèves dans nos murs se fasse par groupes. Mais bien sûr, cela n’a de valeur et de sens que si nous parvenons ensemble à manifester et à rappeler la visée eucharistique, méricienne et humanisante dans laquelle cette dynamique s’inscrit, et nous n’y parviendrons que si chacun y contribue, là encore de façon coopérative.”

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