La coopération: Est-ce vraiment profitable aux élèves?

On pense habituellement que c’est en se mettant dans la situation de collaboration que l’on va apprendre à collaborer, or cette conception est fausse. La coopération demande des qualités qui doivent être enseignées, au même titre que des connaissances disciplinaires. Ce n’est qu’à ce prix que le travail pourra être réellement collaboratif et ainsi échapper aux heurts d’un travail de groupe conflictuel, comme le rappelle C. Reverdy : « Pour la plupart des chercheur.se.s, ces habiletés s’acquièrent en classe et un apprentissage à coopérer explicite est gage d’interactions de qualité. Cela peut se faire sous la forme de jeux de rôle où les élèves apprennent à s’écouter, se distribuent les tâches, se partagent les responsabilités, s’entraînent à formuler des questions. » (La coopération entre élèves : des recherches aux pratiques,Catherine Reverdy, 2016).

Aussi, en 1882, Maximilien Ringelmann, un agronome, s’est rendu compte en travaillant sur la force de traction des bœufs puis des hommes, que ces derniers avaient tendance à tirer moins fort lorsqu’ils étaient en groupe plutôt que seuls. La psychologie sociale a appelé « paresse sociale » ce phénomène qui consiste pour chaque individu à diminuer les efforts qu’il fournit en groupe. Ce phénomène est un travers courant du travail coopératif qui peut être cependant évité sous certaines conditions.

La collaboration peut être un outil très intéressant pour favoriser la motivation et la performance des élèves, mais pas n’importe comment. Robert Slavin précise : « Lorsque la tâche du groupe est de faire et non d’apprendre quelque chose, la participation des plus faibles peut être ressentie comme une gêne plutôt qu’une aide. Il est alors plus facile de s’échanger les réponses que d’expliquer aux autres des concepts ou des compétences. Au contraire, si le groupe a pour tâche de s’assurer que chacun apprend quelque chose, il est dans l’intérêt de chaque coéquipier de passer du temps à expliquer les concepts aux autres. » (Apprentissage coopératif : pourquoi ça marche ?  Slavin, R. E., 2010).

Article tiré du site Etre prof