Genre et identité

Session à Paris les 29 et 30 janvier 2024 et 6 et 7 février 2024 à Valence qui a rassemblé environ 90 personnes de nos différents établissements.

Rencontrer, se mettre à l’écoute, reconnaître

Inspirés par la démarche synodale de l’Eglise, nous avons choisi de commencer cette formation en nous mettant à l’écoute de personnes transgenre : Alexis et Léonard, deux jeunes hommes à Paris , Anne Gaëlle et Sasha à Valence et Véronique, maman d’une jeune fille transgenre lors des deux sessions

Ils ont retracé leur vie dans leur globalité : leurs goûts pour tel ou tel sport, activité, matière, nous invitant à les regarder avant tout dans leur singularité et dans un élan de vie ordinaire pour un jeune de cet âge. Ils ont chacun rappelé la souffrance de se sentir en permanence écartelé entre l’image qu’ils renvoyaient d’eux-mêmes et ce qu’ils se sentaient être vraiment. Cette souffrance est d’autant plus difficile à vivre qu’elle ne peut pas s’exprimer ouvertement ; chacun étant réduit au silence pour continuer à vivre selon les attentes des autres pour eux-mêmes – parfois pendant de longues années .  S’ils peuvent aujourd’hui parler de ce qu’ils ont vécu au plus profond d’eux-mêmes, cela n’a pas toujours été possible. Ils ont aussi exprimé cette souffrance ressentie à ne pas pouvoir s’aimer, aimer ce corps dans lequel ils ne se reconnaissaient pas.

La première étape de leur construction identitaire est passée par la possibilité de se dire en vérité, le plus souvent auprès de leurs familles et de leurs ami(e)s dans un premier temps. Cette parole posée libère d’un conflit interne et permet d’ouvrir un espace apaisé.

Après ce temps d’écoute et de rencontre, nous avons accueilli tour à tour Marie-Laure Durand, Serge Héfez, IsabelleJouhault, Baptiste Jacomino, Aline Ronsmans,  Nathalie Tretiakow, pour, respectivement,  des apports anthropologiques et bibliques, psychologiques, juridiques, philosophiques, éducatifs, institutionnels. La fin de la session s’est terminée par une table ronde composée de chefs d’établissements, d’adjoints , APS et de Mme Roudière , responsable EARS pour le diocèse de Valence.

Ces interventions ont permis d’ouvrir des « champs d’inconfort » nécessaires à la remise en cause d’idées toutes faîtes pour ouvrir un espace d’accueil de la singularité , reconnaissant d’abord toute l’humanité des personnes transgenres, qui ont une égale dignité à aimer et être aimés

Une question a été reprise par différents intervenants : « Qu’est-ce qui fait notre identité ? »

L’identité se construit dans un dialogue et dans l’altérité. Eduquer, selon Marie-Laure Durand, c’est « accompagner la personne à rejoindre sa vocation propre ; c’est permettre de devenir libre, la liberté étant un attribut de Dieu ».

Quels espaces et temps permettent ce dialogue dans nos institutions, permettent la mise en mots de ce qui fait nos singularités ? 

« Il faut absolument soulager la souffrance » selon Serge Héfez. Cela ne veut pas dire pour autant trouver et donner des réponses rapides au jeune en questionnement mais lui offrir tout d’abord la possibilité de dire librement quels sont ses tourments, l’aider à mettre des mots justes sur ce qu’il ressent au plus profond de lui.

Nos projets éducatifs nous invitent à regarder chaque personne comme un être avec un cœur, un corps et un esprit. En tant qu’éducateur,nous l’accompagnons dans la durée, dans un processus de croissance intégrale où se révèle sa singularité appelée à s’épanouir de manière de plus en plus unifiée.

La session s’est terminée à Paris, par le témoignage de Sœur Annick, religieuse  de l’Assomption, qui a œuvré pendant de longues années dans un centre d’accueil de personnes atteintes du sida alors qu’aucun traitement n’avait encore été trouvé. Elle nous a partagé des expériences de vie auprès de ces personnes qui sont venus en écho avec les paroles récentes du Pape François aux jeunes à Lisbonne lors des JMJ : « « Dieu est pour tous ; il nous aime tels que nous sommes avec nos limites et le désir que nous avons d’avancer dans la vie ; il reste là, à nous attendre bras ouverts. IL n’y a pas de conditions préalables pour rencontrer l’Amour de Dieu ».

A Paris et à Valence, Corinne, responsable du centre Angèle Merici, Sr Marie-Pierre , Ursuline de l’Union Romaine et Sr Claire, nous ont partagé ce que le charisme de nos congrégations  nous donne comme souffle pour travailler nos postures éducatives, notre manière d’être en relation, d’être à l’écoute des personnes , ajuster nos regards sur les personnes qui nous sont confiées, A la suite de nos fondateurs, nous sommes invités à une conversion véritable pour nous faire proche de tous, là où sont les besoins de notre temps.

Quelques photos de la session de Paris prises par le photographe Pedro Lombardi et la dernière photo prise à Valence :

2 réflexions sur « Genre et identité »

  1. C’est avec attention que j’ai pris connaissance de votre écrit…
    Bien sûr je le comprends et le respecte.
    Cependant, j’ose me permettre de vous dire que vivre, c’est vivre ensemble dans le respect des singularités de vie de chacun; on ne fait jamais du « vivre ensemble » (c’est à dire communauté) en donnant la primauté de vie aux singularités… c’est le vivre ensemble qui est la primauté de vie commune; c’est ainsi que Jésus nous l’a rappelé, tout en insistant sur le respect de chacun.
    Il est plus difficile de construire un vivre un vivre ensemble en dépassant nos singularités (à respecter), que de donner la première place (dans le discours !!!) aux singularités
    Ce n’est que le fruit d’une vie longue et inspirée par Ste Angèle

    1. Bonjour, l’article n’est qu’une présentation d’une formation qui dure deux jours. La formation a pour objectif d’ouvrir un espace d’écoute et de dialogue pour justement articuler unité et diversité. Cela est bien vécu dans l’esprit méricien articulant le « Una per una » et le « Insieme ». Le vivre et faire ensemble ne peut se construire que sur la reconnaissance de chacun dans sa singularité. La formation invite donc chacun à prendre en considération toutes les singularités, pas uniquement celles des personnes transgenres, pour construire patiemment l’Insieme (ensemble).

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